IronMan Nice 2018 : finisher par amour…

Voici le récit de mon 2ème ironman terminé à Nice en ce dimanche 24 juin 2018. J’ai mis quelques jours avant de pouvoir enfin mettre des mots sur cette épreuve qui m’a posé quelques difficultés en fin de parcours.

Cette épreuve a commencé par prendre une mauvaise tournure 10 jours avant de m’élancer. Suite à un mauvais mouvement lors d’un voyage d’affaires (et certainement une dose de stress qui monte), je me déplace 2 côtes et je dois mettre fin prématurément à mon plan d’entraînement. Impossible de nager plus d’un km car mon bras gauche me fait souffrir et je n’arrive pas non plus à terminer mon plan marathon comme prévu. Je finis chez un ostéopathe qui n’arrive pas à régler le souci, donc direction le médecin généraliste à J-5 qui me préconise des anti-inflammatoires pour limiter les douleurs. « Ca passe ou ça casse » me dit-il en sortant du cabinet ! Pas hyper rassurant…

Vendredi J-2 : arrivée en avion sur Nice avec ma femme et mon fils. Je m’empresse comme à mon habitude d’aller récupérer mon dossier après avoir pris nos marques dans un appartement plutôt sympa dans le centre de Nice. A la fin d’une visite rapide des stands partenaires, j’échange quelques minutes avec un ostéopathe. Il me conseille de me manipuler pour tenter de limiter les douleurs. D’ici dimanche, ça me laisse quelques heures de repos et une chance de m’aligner au départ plus sereinement. RDV est pris pour 17h. Après 20 minutes de craquements dans tous les sens, je me sens mieux, physiquement et mentalement. Ce n’est pas encore parfait mais c’est bien mieux. Je croise alors Anthony Costes (« le Tigre ») avec qui j’échange quelques mots : très sympathique et abordable !

La journée se termine par la récupération de mes filles qui arrivent également en avion de Lille, avec du retard. Je me couche vers 1h du matin. La nuit sera assez courte.

Samedi J-1, la journée est globalement calme. Nous partons nous promener en famille pour visiter Nice. En fin de matinée, je file en petite foulée (4km) récupérer mon vélo auprès d’un ami qui me l’a généreusement amené en voiture. Le seul RDV impératif dans la journée : le dépôt du vélo et des sacs de transition entre 15h et 16h. Nous mangeons tranquillement au restaurant vers midi puis je termine la préparation de mes sacs de transition vélo et course à pieds. Je décide de doubler toutes mes affaires pour éviter de rester en trifonction toute l’épreuve, au cas où…

 

Après le dépôt du matériel, je rejoins la bande de copains pour la photo de groupe. L’ambiance est sereine. Un dernier restaurant le soir vers 19h pour manger quelques pâtes et au dodo !

Dimanche : jour J. Débout 4h du matin. Après un déjeuner complet (café / céréales / yaourt), j’enfile ma trifonction et je décide de ne pas porter ma ceinture de cardio fréquencemètre pour être plus à l’aise avec mes côtes qui me font souffrir. Toute la petite famille se met en route vers 5h. Quelle belle surprise en découvrant leurs tenues de parfaits supporters 🙂

Les traits sont tirés mais il était 5h du matin 🙂

Une fois les sacs de ravitaillement vélo déposé, un dernier bisou à toute la famille, je file vers mon vélo pour gonfler les pneus à la bonne pression (7kg). Une fois les dernières vérifications et l’accrochage de quelques barres de céréales sur le cadre, je décide de m’avancer vers le départ natation dans le sas 1h10. Je pense plutôt nager en 1h15 mais on ne sait jamais… Je me place donc globalement dans le 1er paquet à quelques mètres de la ligne de départ. Je mange une petite pâte de fruits pour patienter. Après une bonne heure d’attente, les pros s’élancent enfin à 6h25.

ETAPE 1 : 3800m de natation. Notre départ est donné à 6h30 comme prévu. C’est un rolling start mais assez rapide, pas comme à Vichy l’an dernier (4 par 4 toutes les 4 secondes). La file est ininterrompue et nous avançons globalement tous d’un coup. Je me lance dans le paquet sans trop d’appréhension et je trouve assez vite ma nage.

On me double assez rapidement et je m’aperçois que je ne suis donc pas dans le bon rythme mais pas de panique. En verra dans 3km 🙂 Je termine la 1ère boucle en 50 min ce qui me semble assez long. Je n’ai pas calculé mes temps de passage donc je n’ai pas de repère malheureusement. Mon temps me semble assez moyen. Le tempo de la journée sera pilotée par cette 1ère étape. Si tout se passe bien, ça sera bon signe. Sinon c’est que ma côte n’est pas remise et je vais souffrir. J’attaque la 2ème boucle avec une douleur qui monte en puissance et je dois ralentir un peu le rythme. Il est temps de finir. A part quelques bousculades aux bouées, la nage est agréable. L’eau est à 23 degrés. On ne voit pas le fond tellement nous sommes au large. Il y a globalement de la place sur la largeur et je me concentre pour ne pas trop dévier de la trajectoire idéale en fixant les prochaines bouées tous les 20 mouvements de bras. Je n’arrive pas à prendre les jambes du moindre nageur qui passent trop vite. J’aurais du partir dans le sas suivant. Finalement, je sors de l’eau en 1h15 à ma montre Polar avec 3900m au compteur soit 1min57/100m. Je suis alors 1546ème, dans le paquet du milieu. Pas si mal vu le contexte des jours précédents, mais pas top non plus. Moyen quoi… Un signe pour le reste de la journée ?

TRANSITION nage > vélo. Je rejoins mon vélo en petite foulée après avoir tenté de me rincer sous les douches. La transition se passe correctement mais tranquillement : je mets 8minutes en tout ! J’applique enfin un peu de crème solaire sur mes bras et je file vers ma 2ème épreuve sous les encouragements de toute ma famille.

ETAPE 2 : 180km de vélo (173km en réalité). Dès les premiers tours de roue, les sensations sont bonnes. Logique, nous avons le vent dans le dos 🙂 Je regarde le compteur qui affiche 32km/h de moyenne. Cool 🙂 Mais ça ne va pas durer… Je me fais très rapidement doubler par mon ami Richard alors qu’il ne m’avait rattrapé qu’au bout de 160km à Vichy. Un autre signe ? Je gère trop ? Dès le 20ème km, la 1ère difficulté arrive. Une petite côte assez raide mais courte heureusement. Je passe mon dérailleur « tout à gauche » et ça passe bien. Je ne fais pas monter le cardio. Je vois un concurrent tomber juste devant moi sans trop comprendre comment… Une voiture arrivant en sens inverse se rend à son secours rapidement. Je continue donc ma route qui sera assez dangereuse tout au long du parcours : il faut rester très vigilant. Arrive la 1ère descente et là c’est le kiff total ! Je file à plus de 50km/h et je rattrape pas mal de concurrents. Ma moyenne remonte à 29km/h. Génial. Tout se passe comme prévu. Je commence à m’alimenter en « solide » (barres de céréales, bare de snikers) pour éviter l’erreur de Vichy en 2017 avec mes gels. Je bois régulièrement toutes les 15 minutes. Au ravitaillement du km 70, je m’arrête quelques minutes et j’avale un sandwich fromage/viande de grison soigneusement emballé dans du papier aluminium. Mais il fait très chaud et il a mal vécu le séjour dans le sac en plein soleil. C’est mangeable mais pas top… Il sera finalement très difficile à digérer 🙁 La chaleur monte ainsi que les pentes ascendantes qui s’accumulent. 2000m de dénivelé positif, c’est beaucoup pour un poids lourd comme moi.

Je monte à mon rythme, assez lent. Mon ventre commence à me faire des misères, doucement mais sûrement. Un autre ami me rattrape puis encore un autre quelques km plus loin. Tous mes amis sont donc devant moi comme escompté, mais bien plus tôt que prévu. Je regarde ma moyenne à la fin des grimpettes dans l’arrière pays Niçois (magnifique au demeurant) et un faible 22km/h de moyenne s’affiche : oups… Heureusement que la fin du parcours est en descente et plus favorable à mon gabarit. Je boucle finalement le parcours très entamé physiquement à un peu plus de 25km/h de moyenne et près de 7h sur la selle, beaucoup plus que prévu, à cause d’un terrible vent de face (j’étais prévenu) et d’un manque d’alimentation.  Je suis alors 1757ème. J’ai déjà perdu 200 places. Mon ventre me fait souffrir et le moral n’est pas terrible…

TRANSITION vélo > course à pieds. Je quitte mon vélo en marchant avec les encouragements de ma famille qui est comme prévu au bord de l’arrivée vélo. Ca fait chaud au coeur ! Je sais que ma femme est maintenant rassurée. Je ne suis pas tombé ni blessé, contrairement à de nombreux concurrents plus malchanceux. Je dénombre pas moins de 5 ambulances et cyclistes à terre sans trop connaître leurs états. J’arrive devant mon sac de transition et je m’effondre sur ma chaise. Il fait une chaleur accablante et je n’ai plus de jus. Déjà ! Je n’ai pourtant pas encore fait le moindre km à pieds 🙁 Mon ventre me fait souffrir. Finalement, je décide de me changer pour ne pas souffrir plus avec le sel accumulé sur la trifonction (eau de mer et transpiration). Je repars après plus de 16min sans conviction.

ETAPE 3 : 42km de course à pieds. Je m’élance sans trop de conviction sur le parcours vu mon niveau de fatigue général. Les premières foulées sont toujours difficiles mais les entraînements aux enchainements m’ont appris que tout revient dans l’ordre après 2 ou 3 km. Mais là, j’ai un souci. Ca ne repart pas du tout. Je plafonne à 7min/km au lieu des 6min/km maxi envisagés. Je commence même à vouloir marcher au bout de 10km. Je me pose au ravitaillement en marchant également pour prendre le temps de boire mais je n’arrive pas à manger. Mon ventre me fait trop souffrir.

Au 2ème tour, une petite pluie fine arrive et fait le plus grand bien. Mais le pire est à venir : un bel orage s’annonce. Arrivé au km 15 au bout de la promenade des anglais près de l’aéroport, une pluie battante s’abat sur nous. Je suis rapidement frigorifié avec la fatigue générale. Je demande à un stand de ravitaillement si on peut me fournir un poncho en plastique. Je m’équipe tant bien que mal avec le vent et je repars difficilement avec les encouragements de ma femme et mon fils positionnés à cet endroit très stratégique, là où il n’y a presque aucun supporters.

 

Ils sont beaucoup à quitter le parcours pour aller s’abriter. Je marche vers la ligne d’arrivée. 20km « seulement » sont accompli et je vois tous mes amis en terminer : c’est dur et je suis vraiment affaibli. J’en suis déjà à 11h d’effort. Mon objectif de faire mieux qu’à Vichy s’éloigne de plus en plus. Après un rapide calcul , j’estime que je vais mettre plus de 4h à terminer, soit 15h en tout. Est-ce que ça vaut le coup ? Pour moi non. Je décide d’appeler ma femme avec le téléphone de mes filles positionnées à proximité de l’arrivée. Elles sont frigorifiées comme moi. Mais ma femme ne l’entend pas de cette oreille et arrive à me convaincre que le temps n’est plus important et que l’objectif principal est maintenant de terminer cet IronMan. OK mais je vais mettre plus de 15h. Tans pis… C’est donc reparti en marchant, doucement. Je passe mon 2ème bracelet et je repars machinalement. Mes douleurs au ventre s’amplifient et m’obligent à m’arrêter à plusieurs reprises aux toilettes. Je termine finalement la troisième boucle dans la douleur avec 30km au compteur. Mes filles m’encouragent au maximum et ma femme a couru à mes côtés pour rejoindre l’arrivée. J’aperçois finalement une bénévole qui me tend le dernier bracelet bleu ! Plus que 10km…

Le public pousse et finalement, je décide de boire un peu de coca pour tenter de soulager mes douleurs à l’estomac et reprendre des forces. Miracle ! Ca repars enfin. Un véritable second souffle. Je termine cette dernière boucle de 10km plus rapidement que les 3 autres, jusqu’à atteindre 5min30 / km. Incroyable ! Je reprends du coca à chaque stand et mon fils m’accompagne sur les 8 derniers km. Quel bonheur de l’avoir à mes côtés. Heureusement, aucun arbitre à l’horizon… A 2km de la fin, je dis à mon fils d’accélérer pour rejoindre l’arrivée avant moi pour qu’il puisse profiter du spectacle. Il est en forme et me distance très rapidement. Je le vois s’éloigner doucement et je puise dans mes dernières réserves. Le speaker annonce mon prénom et je fend la foule compacte encore à cette heure tardive. Quelle ambiance ! Je cherche désespérément ma femme et mes enfants du regard mais je ne les trouve pas. Ah non, pas comme à Vichy… Finalement, 2 mètres avant la ligne d’arrivée, je vois ma femme qui me tend les bras. C’est à ce jour le plus beau moment sportif de ma vie et je fonds en larme avec elle. Ca y est, c’est fait ! Me voilà FINISHER de cet IronMan de Nice 2018. Mon classement est anecdotique et je termine à la 2173 ème place en 14h37.

Every IronMan needs an IronFan

J’adresse donc un immense MERCI à ma femme et mes enfants. Sans eux, je n’aurais jamais réussi à terminer cette fabuleuse épreuve. Merci également à tous les copains qui se reconnaitrons pour tous les entraînements réalisés ensemble.

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